C’est bien connu : si les Français sont les plus grands consommateurs de médicaments, ils n’en sont pas moins les champions du rapport prix/efficacité. Et pour cause ! Ils ne dépensent pas 2 000 euros pour se remettre d’une infection urinaire mais 293 euros seulement, selon le ministère de la Santé qui vient de publier un nouveau baromètre annuel. Et de façon générale, le prix du médicament est loin d’être le facteur le plus important de la prise en charge des médicaments.
« Les 30 % de Français les moins bien remboursés par l’Assurance-maladie se soignent à l’hôpital à hauteur de 1 500 euros en moyenne par mois, contre 67,9 % pour les plus riches », précise ainsi l’Observatoire français des médicaments. Les Français seraient donc prêts à mettre leur santé en jeu pour payer le prix de leur traitement. En 2018, 7,7 millions de Français ont ainsi bénéficié d’une aide de 50 euros de la part de l’Assurance-maladie, soit 7 % des Français. Mais ce n’est pas le seul motif invoqué pour justifier ce coût parfois excessif. Pour la plupart des Français, la raison principale invoquée est le manque de transparence sur les prix des médicaments. Un rapport de la Cour des comptes publié en mai dernier indiquait d’ailleurs que « la transparence des prix des médicaments est encore insuffisante ».
La transparence des prix de médicaments en France : un mal récurrent
Et pourtant, les Français sont prêts à payer le prix fort pour leur santé. Les enquêtes menées par le laboratoire Novartis ont récemment démontré que 77 % des Français souhaitaient avoir accès à des informations détaillées sur les prix des médicaments prescrits pour traiter des pathologies telles que les troubles du sommeil, les maladies cardiovasculaires, les maladies rénales, le diabète, la maladie d’Alzheimer, etc. Des informations qui se limitaient jusqu’alors aux prix des médicaments en pharmacie, sans que les patients puissent accéder à leur prix, à leur dose ou encore à leur taux de remboursement.
Pour lutter contre ce manque de transparence, la Direction générale de la santé a donc décidé de publier cette année, en partenariat avec l’agence du médicament, un baromètre annuel sur les prix des médicaments et les remboursements par l’Assurance-maladie.
Le coût des médicaments représente 16 % du montant global des dépenses de santé en France
Et ce chiffre devrait encore augmenter dans les années à venir. « La croissance des dépenses de santé observée depuis 2005 se poursuivra dans les prochaines années », prédit l’Observatoire français des médicaments, qui a étudié les prix des médicaments remboursés par l’Assurance-maladie sur la période 2010-2020. Le ministère de la Santé explique ainsi cette hausse par la prise en charge de nouveaux médicaments plus efficaces sur le plan thérapeutique, le vieillissement de la population et l’augmentation des prescriptions de médicaments.
De plus, le prix des médicaments ne représente pas le seul coût des traitements de santé pour la collectivité. En effet, les soins prodigués par les hôpitaux représentent 47 % du montant global des dépenses de santé, soit 9,8 milliards d’euros. En 2020, ces dépenses représentent 54,3 % des dépenses totales de santé, soit 16,7 milliards d’euros.
Ces chiffres témoignent d’une forte augmentation des dépenses de santé en France depuis 2005. Et cela pourrait bien continuer... « Depuis la création de la Sécurité sociale, les dépenses de santé augmentent régulièrement pour couvrir les besoins des assurés. La hausse de la productivité et de la qualité des soins est à l’origine de cette évolution », explique l’Observatoire français des médicaments.
Des médicaments plus chers
Par ailleurs, la hausse des dépenses de santé ne se reflète pas uniquement sur les dépenses de médicaments. Elle se répercute aussi sur les autres médicaments prescrits par le médecin. Ainsi, les médicaments prescrits en ville coûtent en moyenne 20,2 % plus cher que les médicaments prescrits à l’hôpital.
Si le montant des médicaments délivrés dans les officines est moins élevé, c’est parce que les génériques ne représentent que 18,1 % du marché des médicaments remboursés par l’Assurance-maladie.
Cette tendance s’est accentuée depuis 2013, avec une hausse de 43 % en dix ans. Un phénomène qui est observé dans toutes les classes d’âge. En 2020, 22,1 % des Français ont reçu une ordonnance de médicaments remboursés par l’Assurance-maladie, alors que 20 % n’avaient jamais bénéficié de ce remboursement de leur ordonnance.
Une tendance qui pourrait se poursuivre avec le viagra.
Pour lutter contre la hausse des prix, un prix unique pour tous les médicaments
Depuis 2016, le prix des médicaments est fixé par la Commission de la transparence. Les prix peuvent alors varier de plusieurs fois selon les régions. Ce prix ne reflète donc pas toujours la réalité des médicaments sur le marché. C’est pourquoi le gouvernement français souhaite mettre en place un prix unique des médicaments pour les 33 plus grandes sociétés pharmaceutiques du marché. « Il s’agit de fixer un prix unique pour tous les médicaments. Pour cela, un prix de référence sera établi par chaque société, puis ce prix sera appliqué sur le territoire », explique le ministère de la Santé.
Si cette mesure a le mérite de mieux lutter contre la hausse des prix des médicaments, elle a également le défaut de ne pas s’appliquer à tous les médicaments.
En effet, pour certains médicaments remboursables, le prix fixé par la Commission de la transparence ne correspond pas à la réalité du marché, et les sociétés qui les produisent se voient appliquer des prix de vente différents selon la zone géographique du territoire. Par exemple, les médicaments prescrits pour l’hypertension artérielle peuvent varier de 10 à 30 % selon les zones, tandis que les génériques sont généralement moins chers...
Pour que le prix des médicaments soit uniforme sur le territoire français, le gouvernement a donc choisi de plafonner le prix des médicaments remboursés à 1 €.